Régulation du système nerveux : pourquoi avons-nous tant de mal à nous arrêter ?

Quand avez-vous passé une heure entière à ne rien faire ?

Pas lire. Pas écouter un podcast “instructif”. Pas cuisiner ou jardiner. Pas scroller “juste 2 minutes”. Juste… ne rien faire.
Si l’idée vous met mal à l’aise, welcome dans notre époque : vitesse, productivité, efficacité constante.
Le problème ? Le système nerveux, lui, a besoin de tout l’inverse. Il a besoin de lenteur, d’espace, de silence.

Dans un monde qui valorise le “faire”, nous avons oublié comment “être”. Et pourtant, la régulation du système nerveux commence par là.

Système nerveux : se distraire, est-ce vraiment se détendre ?

Est-ce que regarder une série compte comme de la détente ?

Spoiler : pas vraiment. Regarder une série ou scroller n’est pas se détendre, c’est remplacer un stimulus par un autre. Mais je ne jette pas la pierre Jeanette. Parfois ça apaise les ruminations, mais ça ne crée pas de repos profond.
La vraie détente repose sur un changement d’état interne, un ralentissement physiologique.

Le bavardage mental

Pourquoi votre cerveau parle-t-il tout le temps ?

Quand vous ne faites “rien”, votre cerveau, lui, s’active d’une toute autre manière : il passe en Default Mode Network (DMN) — le réseau du mode par défaut. Et malgré son nom, ce mode n’a rien de passif.
Le DMN est un ensemble de zones cérébrales qui s’allument quand vous n’êtes pas concentré·e sur une tâche extérieure.
Autrement dit : quand vous rêvassez, quand vous marchez sans objectif, quand vous êtes sous la douche, quand vous fixez le plafond… ou quand vous tentez désespérément de “ne rien faire”.

Et là, que se passe-t-il ? Il s’en donne à cœur joie :

• analyse en boucle, ruminations, relecture des conversations passées (“j’aurais dû dire…”),
• jugements (sur vous, sur les autres, sur votre plante verte),
• scénarios futurs improbables, projections, et bien sûr… les scénarios catastrophes sponsorisés par la célèbre entreprise intérieure “Et si jamais… ?”

Le DMN adore fonctionner en roue libre. Ce n’est pas “mauvais” en soi : c’est même utile pour l’introspection, la créativité, l’intégration de l’expérience. Mais… ce n’est pas du repos.

Car pendant que votre corps est immobile, votre système nerveux, lui, reste en alerte cognitive, et donc en activation sympathique. Ce mode entretient :

• la fatigue mentale,
• l’hypervigilance,
• le stress de fond,
• la sensation d’être “sur le fil” en permanence.

Les vraies ressources pour apaiser le système nerveux

Et si le silence était l’ingrédient manquant ?

Nous vivons dans une saturation sonore, visuelle et sensorielle permanente. Les notifications, les écrans, le multitâche, les conversations constantes… tout cela sollicite notre système nerveux en continu, souvent sans que nous en ayons pleinement conscience.
Le repos profond nous permet de renouer avec ce qui vit entre les sons, entre les pensées, entre les distractions : la respiration, la présence, l’interoception. Ces moments de silence, ces espaces de “rien”, sont en réalité des ressources précieuses.

Comprendre le nerf vague pour mieux se réguler

Pourquoi la sécurité intérieure est la clé du repos profond ?

La théorie polyvagale, développée par Stephen Porges, explique que notre système nerveux alterne entre trois états :

• mobilisation (stress, action),
• sécurité ventrale (connexion, calme),
• immobilisation dorsale (shutdown).

Le repos profond n’est possible que lorsque la neuroception (le scanner interne du corps), détecte un environnement sécurisé.

Pas de sécurité = pas de détente.
C’est une approche fondamentale pour comprendre la régulation du système nerveux, et une base essentielle de mes pratiques.

Pourquoi le repos profond transforme le système nerveux

Pourquoi “faire une sieste” n’est pas la même chose qu’une méditation ?

Parce que le repos profond que l’on peut obtenir dans une posture de yoga restauratif par exempe, n’est pas juste “faire une pause”. C’est une modification du fonctionnement (paramétrage) du système nerveux :

• augmentation du tonus vagal,
• baisse du système orthosympathique,
• amélioration de la variabilité cardiaque,
• régénération cognitive et émotionnelle.

Le repos profond c’un mécanisme d’autorégulation. C’est ce qui permet au corps de sortir des schémas de stress chroniques.

Yoga somatique : libérer ses tensions en mouvement

Peut-on vraiment se détendre… tout en bougeant ?

Oui et non. Je sais cela ne vous aide pas trop ma réponse. En fait, pas n’importe comment.
Le yoga somatique utilise des mouvements lents, internes, précis. Il travaille l’interoception, la micro-mobilité, la détente des réflexes de protection.
On reste dans une légère activation orthosympathique, car il y a mouvement, mais une activation maîtrisée, consciente, régulée. C’est une pédagogie du corps qui rééduque les schémas de tension.

J’ai eu la chance immense d’être formée par Blaž Bertoncelj, en Slovénie. Oui, la Slovénie, c’était « dans une autre vie ». Mais aucun hasard. Les bons guides arrivent toujours exactement au bon moment au bon endroit — même lorsqu’ils vivent à 1 000 km.

Yoga restauratif : réguler le système nerveux profondément

Peut-on vraiment transformer son état interne… en ne faisant rien ?

SURTOUT en ne faisant rien. C’est littéralement le principe du yoga restauratif : se laisser être, mais soutenu, enveloppé, sécurisé, accompagné (par des accessoires). Le corps reçoit quatre signaux puissants : soutien, sécurité, chaleur, immobilité.
C’est la combinaison qui permet au système nerveux de se déposer.

J’ai eu la chance d’être formée par Audrey Favreau, l’une des grandes références du Restorative Yoga (elle même formée par Judith Hanson Lasater). Et Audrey vit en… Italie ! Là encore : aucune coïncidence 😉

Le système nerveux détermine la qualité de votre vie

Vivre dérégulé ou vivre en présence, ça change quoi ?

TOUT ! Ben si. Un système nerveux régulé donne une vie :

• plus stable,
• plus connectée,
• plus joyeuse,
• plus lucide.

Un système nerveux dérégulé donne une vie tendue, réactive, imprévisible, épuisante.
Le repos profond n’est pas du luxe : c’est le socle de votre stabilité intérieure.

Alors j’ai quelques questions pour vous :

• Êtes-vous capable de vous laisser être, « sans rien faire » ?
• Quand avez-vous passé une heure à « ne rien faire » ?
• Qu’est-ce qui vous met vraiment au repos : le silence ou la distraction ?
• Qu’est-ce qui se passerait si vous vous autorisiez une heure « de vide » chaque semaine ?

Où pratiquer ? Mes cours en ligne et en présentiel

Pour aller plus loin, intégrer la lenteur, la présence, la régulation nerveuse dans votre quotidien, vous pouvez me retrouver :

• En ligne : séances accessibles, progressives, orientées régulation, repos profond, mouvement conscient.
  Programme de Yoga restauratif sur notre studio en ligne, ici !
• Au studio à Chaville : cours thérapeutiques, somatiques, restauratifs.
  Toutes les informations ici  !

J’ai aussi créé un accompagnement de 3 mois « Rééquilibrer corps, cœur, mental dans un monde frénétique » qui regroupe des vidéos de yoga et yoga restauratif à faire chez soi et de consultations en naturopathie et yogathérapie.
Pour en savoir plus sur ce programme, c’est par là.

Lire aussi sur ce blog :

• La révolution du repos : une invitation à l’auto-préservation
• Le yoga somatique : une révolution corps, coeur, mental
• Yoga thérapeutique, somatique, restauratif : lequel est fait pour moi ?
• Anxiété, insomnie, hypersensibilité, montagnes russes… Quand ton système nerveux se déséquilibre

Sources et références

Pour approfondir les sujets abordés dans cet article :

• Stephen Porges — The Polyvagal Theory, fondements de la théorie polyvagale et régulation du système nerveux.
• Audrey Favreau — enseignante en Restorative Yoga, pour comprendre comment créer un soutien corporel optimal et favoriser la détente profonde.
• Blaž Bertoncelj — enseignant en Yoga Somatique, l’interoception et la régulation du système nerveux par le mouvement lent et conscient.
• Études et articles scientifiques sur le Default Mode Network, la variabilité cardiaque et la régulation du système nerveux autonome.
• Anahana Education — explications anatomiques et physiologiques du nerf vague et de son rôle dans la régulation du stress.