Alors oui ce billet est un billet à charge. Et oui, cela va grincer des dents. Bon OK je vais un peu forcer le trait, et j‘en profite même pour collecter les erreurs alimentaires de façon un peu plus large. Attention, règlement de compte à OK Corral en 3 000 mots, vous êtes prêts ?
Il faut dire que mon éducation alimentaire, c’était la vraie cata ! J’ai de la matière. J’ai de quoi flanquer un VRAI procès alimentaire à ma famille. Ambiance charcuteries et saucisses (je viens de l’Est), lait de vache à gogo (les produits laitiers, nos amis pour la vie ? On en parlera), récompenses psychologiques à base de sucreries et autres gâteaux (de préférence devant la télé, et raffinés évidemment), des trucs partiellement industriels dans les recettes ou même en lieu et place du repas, et peu mais vraiment peu de végétaux. Eh oui je sais, le tableau n’est pas jojo. La bonne nouvelle, c’est que je m’en suis assez vite sortie !
Du côté de ma belle-famille, on jardine, on cuisine et on ne peut pas passer un repas sans une GROSSE assiette de salade (peu saucée) en lieu et place de l’entrée, et des légumes du jardin. On préfère les volailles, et globalement le contenu des assiettes est sain (bon encore avec du sucre et des céréales raffinées mais c’est quand même vraiment beaucoup mieux)… Mais on mange TROP, mais vraiment TROP ! C’est souvent fromage et dessert… Et il y a très souvent deux desserts, cuisinés avec amour, souvent avec des fruits, mais bien trop sucrés et surtout bien trop.
Alors je vous entends déjà, oui mais tu comprends, il y a 30 ans, on ne savait pas tout ce qu’on sait aujourd’hui… Et globalement, on vit de mieux en mieux, bla bla… ? Mais en êtes-vous sûrs ?
Depuis 50 ans, nous sommes les acteurs d’une lente et profonde catastrophe sanitaire.
On est passé d’une nourriture familiale du potager, du pain maison, des légumes du jardin et des viandes du coin à de plats magiques qui se réchauffent en 5 minutes au micro-ondes. « Oh c’est rapide, c’est pas cher, et ça change ! », se dit Jacqueline, bien tenté par ces beaux discours des gens hyper doués du marketing (dont je fais partie, hein, on se calme).
Et puis, notre mode de vie, parlons-en ! En très peu de temps, du point de vue de l’humanité, on est passé d’un mode de vie à la campagne (avec une nourriture à base de pain, viande, pomme de terre avec un peu de vin le dimanche) à une vie plutôt en ville (oui même petite ville) et surtout le plus souvent sédentaire (oui toi, derrière ton bureau).
Mode de vie moderne, flemme, ou manque de temps, notre consommation de trucs déjà tout prêts et autres plats à réchauffés explose. Nos pratiques alimentaires évoluent, ben oui, en même temps que notre qualité de vie et nos revenus et en parallèle du temps que nous passons à nous cuisiner de bons petits plats sains qui lui régresse.
Le progrès nous a apporté son lot de facilités. (et c’est chouette aussi d’avoir une vie plus douce)
Et tout oisifs qu’on est (et heureux de l’être), nos parents (et nous avec), avons plongé dedans, plouf. On reste les fesses collées derrière un bureau, nos mères ont lutté (et MERCI à elles) pour les droits de la femme et désormais on a le choix de sortir de nos rôles de mères au foyer, on a moins le temps de cuisiner, on lutte pour se bouger les fesses et aller faire du sport, on mange des aliments de bien moins grande qualité et truffés d’additifs parfois dangereux.
Mais on a quand même fait de belles conneries. Nos parents, et nous compris. Allez viens, je te donne mes 10 bonnes raisons de coller un procès alimentaire à mes (nos) parents !
#1 La nourriture n’est ni un doudou, ni une nounou
Non, la nourriture n’est pas quelque chose qui console !
Et oui, un enfant malheureux, on peut aussi le prendre dans ses bras, le considérer en tant que personne, prendre le temps de le comprendre, chercher à le consoler, de l’aider à s’apaiser avec des exercices de yoga ou de respiration, de discuter avec lui (ou même si cela ne s’arrange pas, aller en discuter tous ensemble avec quelqu’un d’autre), de le faire sortir en plein air pour se ressourcer, de lui trouver une activité dans laquelle il peut s’exprimer… Il y a 30 000 solutions vertueuses aux nombreux troubles de l’enfance.
Non la nourriture n’est pas quelque chose qui « occupe ».
Non on ne file pas un paquet de gâteaux et un verre de lait à son gamin pour qu’il aille prendre son gouter devant la télé. C’est moche, c’est égoïste et c’est faible.
Quand on sait que ce qu’on mange se voit aussi à l’intérieur (notre alimentation a des composantes homéostatiques), on comprend que ce qu’on mange a un rôle direct dans notre équilibre naturel, donc dans le bon fonctionnement de tout notre corps. Et puis ce qu’on mange se voit aussi au niveau de notre moral (notre alimentation a des composantes hédoniques, et oui c’est sympa un bon plat), ce qui fait qu’on le veuille ou non, on a une relation émotionnelle très étroite avec notre alimentation. Et cela fait d’elle une super candidate à la récompense ! Une récompense alimentaire qu’on imprime très fort dans le cerveau de nos chères têtes blondes. Et on sait à quel point les habitudes ont la dent dure !
#2 On ne récompense pas ses enfants avec des trucs à manger !
Non, la nourriture n’est pas une récompense. Alerte rouge !
Non, l’ouverture d’un paquet de bonbons et d’une bouteille de soda n’est pas un jour de fête. Non, la réussite, l’obéissance, le calme n’est pas obtenu avec des sucreries. Non, on ne cède pas à la facilité. Ça c’est moche.
Oui, l’éducation des enfants est différente du dressage canin, le renforcement positif avec une croquette ça ne marche pas.
Oui, ce n’est pas facile d’avoir des enfants, c’est un vrai parcours du combattant, et cela repousse très loin ses propres limites physiques et psychologiques. Oui, il y a des moments où on est faibles, fatigués, lassés, en dehors de nous-mêmes. Même ces jours-là, il faut tenir le coup, et les référents de nos enfants, et ben c’est vous.
Et pourquoi on a cette fâcheuse habitude de souligner que ce qui est mal ? Et pourquoi on a tant de mal à dire que c’est bien quand ça va bien ? Fêtons les petites victoires, faisons de chaque étape franchie un moment de joie. Une attention, un mot doux, la fierté dans les yeux de papa, l’amour dans les bras de maman (ou l’inverse), offrir le livre qu’il souhaitait, faire la sortie qu’elle demandait… Ou même organiser une session de yoga « Love yourself » en famille. A chacun sa façon de motiver ses enfants et de célébrer. Apprenons à nous contenter de ce que nous avons. Et cela marche tellement mieux qu’un paquet de BN, on vous assure.
#3 Un potager cultivé à 10 mètres d’un champ de maïs ne donne pas des légumes BIO !
C’est chouette d’avoir son potager. Surtout s’il est cultivé avec amour et sans pesticides. On met les mains dans la terre, on mange les produits de sa récolte, on imagine des milliers de recettes pour liquider les 130 kilos de courgettes (ah oui ça, elles ont bien rendu cette année). Le truc le plus chouette encore, c’est qu’on mange plein de légumes. D’ailleurs, la part de légumes devrait représenter 70% de tes assiettes ! T’en es ou ?
Non, le potager n’est pas bio si on choisit de le placer le long d’un champ de maïs traité avec des pesticides, et on peut même dire qu’il y va franchement l’agriculteur d’à côté quand même !
Tiens d’ailleurs, soyons chauvins. La France est LA championne d’Europe de pulvérisation de pesticides avec 5,4 kg pulvérisés par an et par hectare (contre 3 kg en moyenne chez les copains en Europe).
Alors je vous entends déjà, à ce compte, aucune culture n’est bio dans la mesure où on ne peut pas encore éradiquer tous les pesticides de la planète, et au rythme de la croissance démographique et si on continue à se nourrir comme maintenant, les surfaces agricoles ne vont faire que croître. Les distances minimales de recul conseillées officiellement sont de 5 mètres pour les cultures basses, 20 mètres pour la vigne, 50 mètres pour l’arboriculture…
Une étude a été organisée par Générations Futures en 2016. Elle portait sur des échantillons de poussières collectés dans les foyers de populations vivant dans des zones agricoles : « Ces résultats montrent clairement que les personnes vivant près des zones cultivées sont exposées chez elles toute l’année à un cocktail important de pesticides, dont de nombreux sont des perturbateurs endocriniens potentiels. Ce fait illustre l’urgence qu’il y a à modifier les pratiques agricoles et à faire en sorte qu’on interdise les pulvérisations des pesticides de synthèse à proximité de zones habitées. »
Bon ok, j’avoue. Ne pas mettre de pesticides directement sur ses légumes c’est déjà 100% mieux.
Mais c’est encore mieux de déplacer son potager à l’autre bout du jardin, si on peut derrière des haies denses, et d’arrêter le Roundup pour faire place nette dans la cour. Un peu de vinaigre associé à du sel et c’est presque aussi efficace pour les herbes folles (et cela coûte moins cher).
#4 Charcuterie-fromage, cela n’a jamais été un repas du soir.
Non papa, maman, désolée. Le repas du soir ne peut pas être un « casse-croûte » à base de charcuteries et de fromages avec un peu de pain blanc.
Oui, la journée a été longue, vous êtes crevés, vous n’avez pas la force d’aller faire les courses, d’ailleurs les magasins sont peut-être même fermés à l’heure où vous êtes rentrés. Papa, cela n’est pas parce que tu as déclaré la guerre aux légumes que nous aussi.
Alors je ne vous jette pas la pierre, les stats prouvent que, de plus en plus, on prend nos repas du midi plus rapidement pour jouer le jeu de la rentabilité professionnelle. Et puis les mauvaises habitudes gagnent toujours, et elles finissent par investir aussi le repas du soir, puis celui des week end, et puis de façon définitive et même lors de la retraite où plus rien ne semble pourtant nous presser.
Au fur et à mesure, on ne sait plus cuisiner, ni le plaisir que cela procure.
Et puis je suis comme tout le monde, il y a des soirs où je n’ai pas envie ou pas le temps de cuisiner. Alors avec la marmaille, j’opte pour des solutions faciles : risotto de légumes, soupe pain fromage, céréales ou crêpes devant un film et sous une couette bien chaude, pain et tartinades avec quelques tomates, pizza ou même sushis en livraison… Oui c’est moche aussi, mais déjà moins moche. Et surtout c’est pas tous les soirs !
Petits conseils de base d’alimentation saine (version naturopathie).
Un repas du soir doit contenir :
- Un aliment farineux ou des céréales,
- Avec des légumes frais crus (quand il fait chaud) ou bien cuits (quand il fait froid),
- Du fromage à pâte cuite, si si c’est permis (mais pourquoi vous lui voulez du mal à ce bon fromage ? On en reparlera) ou du fromage frais et peu gras…
- A la place du fromage, un peu d’œuf cuisiné dans un plats tout doux (entremets ou pâtisserie) (mais pourquoi vous leur en voulez à ces bons œufs ? Oui oui on y reviendra),
- Des fruits cuits,
- De la salade et quelques oléagineux (noix, noisettes, amandes).
- Du pain (mais pourquoi vous lui en voulez à ce bon pain ? A suivre !), mais une ou deux tranches (et complet, bio et grillé c’est encre mieux).
D’ailleurs, Charlotte vous donne ici des idées pour mieux manger même quand on est pressés : « L’ultime secret de la forme ? Les courses ! »
#5 Allez, qui en reprend ? Il faut TOUT finir !
Non, non, non et re-non, on ne finit pas tout ce qui est dans le plat.
C’est pas obligé. D’ailleurs selon les Japonais et les règles de la diététique taoïste, on devrait sortir de table avec une légère faim. Alors on dit bien de manger à sa faim, oui, on a ce luxe ici, mais tentez l’expérience de sortir de table avec encore une discrète sensation de faim. Promis, vous serez très vite emballés par la légèreté de votre digestion. En plus c’est idéal pour éviter les petits bidons et autres poignées d’amour.
Car par chez nous, la plupart du temps, la quantité d’aliments qu’on met dans sa bouche dépasse souvent la quantité qu’on consomme en se bougeant les fesses…
Et puis tout se conserve. Surtout si c’est déjà cuisiné. Cela peut même faire un repas bien pratique dans le bento au bureau.
#6 On ne rapporte pas les morceaux de sucre, les gâteaux et les chocolats du café pour les offrir à ses enfants !
Non, un morceau de sucre n’est pas un cadeau.
Mais c’est quand même à croire que le sucre est devenu une solution à tous nos tracas.
On sait que la consommation de sucre est devenue un vrai problème de société.
La consommation excessive de sucre génère plus de problèmes de santé que la consommation excessive de graisses. Ben oui. Sans compter que le sucre est atrocement addictif. Les rillettes, bien moins en fait. Du sucre, je vous en parle ici d’ailleurs : « Addict au sucre, elle fiche sa vie en l’air. »
Et puis, notre nouveau mode de vie « moderne » nous démultiplie nos sources de stress, alors oui, il faut qu’on se bouge au quotidien et qu’on change notre hygiène de vie pour de vrai. Le phénomène de compensation alimentaire est un véritable fléau car il initie des dérèglements biologiques par une perturbation psychologique.
Alors, le sucre, on le laisse dans la coupelle, merci. Et puis la marge du commerçant sympa chez qui vous prenez votre café se portera mieux.
#6 Non, il ne faut pas répartir équitablement ce qu’il y a dans les assiettes entre les personnes autour de la table.
Ben oui parce qu’autour de la table, on n’est pas tous pareils, on n’a pas tous la même constitution, on n’a pas tous les mêmes métiers, on n’a pas tous passé la même semaine.
Et notre alimentation doit être en accord avec ce que nous sommes et ce que nous faisons. On est en réunion de famille. José est prof de sport, il bouge tous les jours beaucoup et c’est un homme. Et ben il faut qu’il mange plus que Zélie qui travaille derrière un bureau toute la semaine en mode stress limite burn out, qui est allergique à toute forme d’activité physique et qui est une femme. D’ailleurs dans ces cas extrêmes, José peut même manger réellement deux fois plus que Zélie. C’est dingue ! C’est pas juste, c’est pas équitable, mais c’est comme cela si tout le monde veut rester en bonne santé.
#7 Non, des légumes en boite, ce n’est plus tout à fait des légumes.
Oui, les années 60, 70, la modernité, l’activité des femmes, le rythme de la vie de plus en plus soutenu, et c’est le mode pratique qui se met en route. J’ai nommé : les boites de conserves !
Oui mais voilà, les boites de conserves, c’est pas une bonne idée. Le traitement à la chaleur appliqué aux fruits et aux légumes avant la mise en boîte réduit de 30 à 50 % leur valeur nutritive, et leurs minéraux se noient dans l’eau des conserves qu’il vaut mieux jeter car elle est souvent sucrée ou salée. Oui, il y a bien du sucre dans les boites de petits pois. Sic.
Alors, les fruits et les légumes, c’est frais, et pis c’est tout !
Et quand on dit frais, c’est frais-frais-frais car la valeur nutritive des fruits et des légumes se dégrade lors de la préparation et avec le temps. Entre la cueillette, le passage en stockage qu’on espère le plus rapide possible, l’acheminement jusqu’au magasin bio (oui je sais, je vis dans un monde de bisounours), jusqu’au jour où ils sont dans ton palais de fin gourmet, leurs bienfaits sont réduits à peau de chagrin. Alors, c’est l’AMAP, la cueillette en jardin partagés, la récolte la plus tardive possible. Bon, sinon dans la vraie vie, la Biocoop /Naturalia /Bio c Bon… Du coin, c’est bien aussi.
Allez, les légumes congelés au pire du pire en situation de crise. Il vous reste aussi la conservation avec lactofermentation, mais là, le résultat gustatif est particulier. Moi j’adore, et vous ?
#8 Non le repas n’est pas sain sous prétexte qu’il contient des légumes. Surtout si on a trop mangé.
Oui votre repas est BIO, vous avez récolté le plus tardivement possible vos légumes, ils ont la part belle lors de vos repas. Mais non, ce gros amas de légumes ne compensera jamais le reste des erreurs alimentaires telles que l’excès de crème, graisses, viandes, sel, gâteaux apéro, fromage, 4 morceaux de pain, double dessert, plus fruits… Et les vins ! Oui, il y avait une grosse salade, et beaucoup de légumes. Mais il y avait surtout beaucoup TROP à manger.
Le but du jeu, vous l’avez compris, c’est qu’on tente de sortir de table avec une légère sensation de faim.
Alors il reste des exceptions : les fêtes de fin d’année, les repas de famille, l’anniversaire de pépette, la Bar Mitzvah de Barbara, la fin du ramadan, et le baptême d’Augustin. Là, on en profite, on boit un coup, on raconte des blagues avec les cousins, on fait le plein de bonnes ondes. Et puis, on se la joue calme niveau assiette les jours qui suivent (voir même une petit monodiète !?).
Et puis les exceptions, on ne les savoure vraiment que quand elles se font rares.
Alors, on fait comment ?
Cela fait un bon bout de temps que, ma tribu et moi, on veille à la qualité de ce qu’on l’on mange. Alors comme les vrais changements n’arrivent pas comme par magie, on procède par étape.
Le secret, c’est qu’il n’y a pas de secret. Il faut avancer pas à pas.
Les habitudes ont la dent dure, mais vous, plus encore. On commence par arrêter le sucre dans le café, le pain blanc / viennoiseries au petit déjeuner, on ne goûte qu’à un seul dessert en offrant généreusement sa part à qui en voudra, on trouve des solutions saines de remplacements, tout aussi gourmandes mais qui deviendront elles aussi de nouvelles habitudes.
Je vous donnerai plus de bons conseils pour se libérer de ses mauvaises habitudes alimentaires dans un billet parce que ce n’est pas facile, hein ?

Depuis 2016, j’ai plusieurs « vies », je slashe et j’aime ça :
- Prof de yoga et Yogathérapeuthe,
- Naturopathe Iridologue,
- Auteure de « Ma solution Yoga souplesse » et Co-Auteure de « Mon cahier Yoga du ventre » aux Editions Solar
- Organisatrice de moments qui font du bien
- Un vrai bisounours dopée aux graines qui a la fâcheuse tendance de penser que le verre est toujours à moitié plein.
- Un early bird, une alouette, presque pas besoin de réveil,
- Et plein d’autres choses encore, mais je me soigne 😉